Poêmes

Emmanuelle NEU

...

Dans ma vie pluie
Tu t’es posé un instant
Oiseau de liberté
Et d’amour pur
Dans tes ailes j’ai appris à voler
Traverser le grand air transparent
Et le soleil doucement
A caresser mes cheveux
Maintenant, de cela,
Il me reste une plume
Avec laquelle j’écris les nuits de pleine lune

...

Une âme déchirée,
S’envole, éparpillée,
Comme des papillons mouillés,

Pourtant, nous sommes en été.

Le cri d’une hirondelle blessée,
Transperce le ciel, lourd et fatigué,
Se meurt dans un écho, étouffé.

Un grondement, sourd,
Envahit la cours.

L’encre, de mes veines, coule encore,
Salit la page blanche, la mord,
Sans doute, elle veut sa mort,

En une folle alchimie,
Elle lui donne vie.

Un vent humide amène les senteurs de la nuit,

L’orage est passé.

...

Quelques notes de musique
Sautillent dans la nuit
Parmi les gouttes d’eau
Et les éclats de rire

Des visages maquillés
Reflètent tous ces yeux écarquillés
Comme une grosse lune
Qui joue sur un trapèze

Des couleurs s’emmêlent
Sur un fil tendu
Entre une étoile et une mule

Dans la trace du sabot
S’est posé un oiseau argenté
Qui s’est transformé En dragon de papier

...

Un serpent à plumes m’a réveillée
D’une grimace tordue et bien lissée

Il s’est accroché à mon oreiller
Moi, je l’ai poussé

Mais il est resté là, à me regarder
Alors j’ai voulu l’attraper

Aussitôt, il s’est envolé
Et moi, seule sur mon oreiller
Avec ce songe crevé

Je l’ai vu partir dans un ciel étoilé
Le coeur bien gonflé et les ailes déployées

...

Un cahier rouge sans lettre
Juste d’or et de silence

Une page s’est détachée
Une petite fille l’a ramassée

Elle en a fait un collier
De perles et de soleils tressés

...

Des mots perdus dans la rue
Un visage à demi nu

Des pastels fondues
Et un coeur fendu

Ils sont suspendus
A un mouton tondu

Qui marche sur un chapeau pointu

...

Un sage est venu avec un bouquet d’étoiles
Il s’est assis sur une pierre et a attendu que le soleil se lève
Un chat est passé, s’est assis avec lui et a ronronné, puis il est parti
Un enfant est arrivé et lui a demandé ce que c’était qu’il avait de si joli
Un homme s’est mis à crier, un fou était assis sur sa pierre, et il ne lui avait pas demandé

...

Un poisson chat a mordu mon coeur
Il a laissé un rire clown dedans
Un clou et des blessures profondes

Dans le bleu nuit de mon esprit
Le reflet de ses écailles pailles
Effrite mes rêves folie de lui

Qui flottent sur ma peau eau
Horizon noyé dans une mer pierre
De chiffons ronds et papier mâché

...

Dans le dédale des rues,
Mon coeur tangue, ému,

Se perd dans la douceur
D’une nuit sans heure.

Sur mes lèvres blessées,
La chaire des fruits d’été,
Juteuse et parfumée.

...

Los ojos
En las estrellas,
Mirando la nada,
Esa distancia
Entre tu celda
Y mis lagrimas.

Si supieras,
Ojala que lo sientas,
Que lo sueñas,
Que sepas que uno
Te esta acompañando
Desde el otro lado del mundo.

Esa noche,
Tengo el corazon agotado,
Esa gana de vomitar,
Vomitar ese sufrimiento de no poder hacer nada,
De saber que estas alla, detras las rejas,
Me duele el dolor tuyo.

Me duele no poder hablar contigo,
Me duele no saber,
No saber si estas vivo,
No saber donde estas,
No saber como estas,
No saber de ti.

La carcel es Hija del encuentro entre el capitalismo liberal y la racionalidad totalitaria.

...

Pienso en vosotros todos los que llenan mi corazon.
Que tambien siguen luchando contra esos demonios del dominio.
Que tienen la utopia de un mundo mejor.
Que sufren por las rejas (que esten detras o que esten demasiado lejo).
Que sufren por hambre, por sed,
Por cualquiera ofensa a la dignidad del ser humano.

...

Camino por las calles oscuras,
Barrios de noches borrachas,

Camino con la lluvia,
Camino con presa,

Mañana es domingo,
Me voy para la Modelo.

...

Aux indiens Paez

Dans une montagne secrète
Où les étoiles
Ont rencontré la rivière,
Un peuple est né Aujourd’hui,

Il lutte pour ne pas être tué.
La rivière est assoiffée,

On l’a polluée.
Les oiseaux ne chantent plus,

On les a chassé.
Le maïs peine à se dresser,

Les arbres sont en colère.
On a réveillé les ancêtres,

On leur a jeté la première pierre.
La foudre et les éclairs
Déchirent le ciel
Qui menace de s’écraser
Sur une terre bien fatiguée.

...

Etre comme un chien galeux,
Traqué, chassé,
L’hiver est froid,
Les refuges rares.

Locolombia de mes rêves,
L’oiseau de fer
Me mènera à toi,
Hors de mes chimères,
Dans tes terres,
J’entends le vent
Dans les cannes à sucre,

Je vois les étoiles
Se noyer dans les ruisseaux,

Le suc de la mangue
Irrigue mon coeur,

...

Je vois.
Je vois la nuit.
Profonde, obscure, et dense.
Je vois le jour.
Volatil, légé et sourd.

Je vois.

Des vies et des morts.
Des silhouettes et des corps.
Je vois les yeux fermés.
Je vois le coeur ouvert.

Je vois, mon corps à l’horizon.
Tendu sur la toile du monde.
Qui bascule dans un tourbillon.

...

Passer par-là,
Comme ça,
Passer par là,
Mine de rien

Les jambes qui tremblent
Le coeur qui s’emballe

Passer par-là,
Comme ça.

...

Des nuages si bas
Et la Terre si lourde

Ce soir l’eau est de mercure
Epaisse et sombre
Elle roule sur elle-même
Inlassablement

Mes yeux se perdent
Dans cette étendue hypnotique
Qui happent mes tourments
A chaque roulement

Mon coeur est muet
Il se tait

Il attend que l’eau lave ses blessures
Il attend que l’eau apaise ses morsures
Que les étoiles naissent
Que la lune le caresse

...

La chaleur de l’été
Sur ces corps abîmés
Fond le pavé

Les mains moites
Les gens marchent
Et se perdent

Paris ville infernale
Paris ville terminal

...

Le bitume chauffé
Par un soleil d’été
Draine tous ces corps assoiffés
D’amour et de nuits étoilées

Porteurs de rêves mutilés
Et d’étoffes cendrées
Ils avancent sans se rencontrer
Dans les rues attristées

Labyrinthe tissé
Sur une toile d’araignée
La ville s’étend
Comme un fauve rassasié

Dans les bruits de la nuit
De la solitude et des vices cachés
Des âmes se mettent à rêver liberté
Nature et Humanité.

...

Un tronc d’arbre est tombé
Ce sont les hommes qui l’ont coupé

Les fourmis ont crié
Le ciel a pleuré
La terre a saigné

Mais le coeur des hommes ne s’est pas réveillé

...

Une étoile solitaire
Sur un fil suspendue
Regarde la terre

On dirait une chimère
D’outre-mer
D’outre tombe
D’un goût amer

La lune lui dit
Que parfois c’est le paradis
Mais c’est aussi l’enfer

Le soleil rit
Lui il a bien compris
Que de loin c’est joli

La terre pleure
Elle a peur
Que le soleil la brûle

Elle a peur
Qu’il n’y ait plus de lendemain
A cause des humains

...

comme la mouche qui fait bbzzzzzz
le mental fait bbzzzzzzz

...

Assise sur un rocher
Je fume une cigarette

Quand je me suis en allée
Un arbre y a poussé

De vert, de jaune et de feu,
Des feuilles se sont envolées

Des nuages s’y sont accrochés
Et un oiseau-lune a chanté

...

Un escalier de pierres
Que vient lécher la mer
S’enfonce dans le ciel ouvert
Le lierre grimpe sur cette arcane

Aux éclats de sel et d’or
A la recherche d’un trésor
La terre tourne en silence

Elle rythme une mystérieuse danse
Pour scarabées effarouchés
Et limaces entortillées

...

Une plante s’étire
Comme une échelle
Vers l’infini

Elle joue avec la pluie
Qui goutte au nectar subtil
Caché au creux de ses pistils

Une perle de vie
Glisse sur ses pétales
Bien gonflés

...

Une limace fait l’amour avec une fleur, un arôme rose,
qui pointe son dard vers les étoiles infinies.
Chaque nuit, elles répètent leur danse, ballet magique et poétique,
empreint d’une sagesse défiant les plus grandes philosophies orientales.
Dans leur simplicité et leur lenteur,
elles ont atteint quelque chose de purement divin.

...

Une fumée bleue
Sur un rêve fiévreux
De courses éperdues
Sur des sentiers suspendus

Comme des ponts à l’horizon
Reliant un désir et une passion
Un plaisir et une satisfaction
Un élixir et une vision

Le rêveur dort
En dehors de son corps
Il est loup, cheval ou condor

Il explore des contrées inconnues
Dont les mystères
Sont comme de l’éther

A peine découverts
Ils s’évaporent
Mais c’est là son trésor

Des sensations et des parfums
Cachés secrètement dans l’écrin
D’une imagination sans fin

...

Courir dans les vents
La tête en folie
Le coeur ballant

Courir en rires
Et en couleurs
Avec une fleur

Courir un soupir
En toute lenteur
Mourir en douceur

...

Paillettes de cristal
Dans mon coeur éparpillées,
Autant de larmes
Qui n’ont pas séchées,

Fossiles bleus et argentés,
Etoiles abandonnées
Sur des récifs escarpés,
De pierre et de sel de mer.

...

Une nuit pluvieuse
D’étoiles et de soleils.

Une nuit clandestine,
Voleuse ou voilée ?

Un éclat
De lune
De rire



Au soleil levant
Les champs de riz sont si beaux
Ton visage se reflète éternel
Dans la multitude de ces petites parcelles
Bien délimitées
Par un peu de terre remontée
Ce vert infini a la tendresse
De la terre mère
Qui se donne à nous
Dans une générosité sans limite
Abondance de joie et de pureté
Fontaine de jouvence
A laquelle nous ne savons pas boire
Dans nos mains trop sales et trop petites
Parce que nous ne savons pas y voir
La beauté
Cadeau
Du monde

...

Arrivé à l’aube de la vie, tu poses tes yeux sagesse sur l’infini
Ton coeur pleure les cicatrices terrestres
Et tes yeux répandent alentour
La bonté originelle de tout être
Tes mains sont vides de leur matière
Mais pleine de lumière
Et chacun de tes pas éclaire
Le monde
Comme autant de soleils
Suspendus
Aux branches de l’éternel divin
Tu ne recherches plus
Tu attends
Seulement
Patiemment
Qu’Elle vienne cueillir ton coeur pur

...

Dans l’obscurité feutrée de la nuit tropicale, j’entends tes cris, par delà la montagne.
Le vent salé de la mer porte à mon oreille cette longue plainte esseulée.
Elle résonne tristesse dans les coquillages nacrés
comme le souffle froid d’hiver qui cingle les arbres dénudés.
Nos coeurs muets ne savent pas comment aimer.
Dans le faux silence de notre souffrance, des démons se sont invités.
Une larme coule dans l’espace qui nous sépare
comme pour nous rappeler que tout est illusoire,
cette distance, comme cette histoire.

...

Maya l’Abeille

La nuit est longue et je me cherche dans les courants d’air.
Il pleut sur mon coeur, joie et tristesse, comme une pluie d’étoiles.
La lune rie, comme à son habitude, toujours elle se moque de moi.
Dans la fumée des mégots
Encore brûlant,
De l’eau goutte,
Goutte-à-goutte,
Floc, flic, flac,
Ma tête fait tac,
Tic-tac
Tic-tac,
Le temps passe et je reste lasse,
Puisse la vie m’enlacer,
Comme le serpent kundalini m’embrasser,
Je l’attends,
Désir ardent,
Mais seul un songe,
A moitié rogné par des souvenirs mal gravés,
Habite mon âme,
Qui se perd dans les leurres
D’un passé révolu
Encore présent
Au goût de miel.

...

Ma vie doucement s’enfuit, comme le jour qui s’estompe dans la nuit.
Les couleurs se mélangent noir puis or.
Dors, petit corps, dort.
Le soleil pointe déjà ses rayons à l’horizon,
tu n’as qu’à tendre la main pour les cueillir
comme les fleurs fraîches d’un matin rosée.
Tu sais déjà que ce soir, elles seront fanées.

...

La vie et la mort ne sont rien d’autre qu’un fil suspendu dans l’espace-temps,
sur lequel nous devons trouver l’équilibre pour ne pas tomber,
et essayer de rire et d’aimer les autres, chaque minute, chaque seconde,
qui nous est donné à vivre.

...

De toi à moi,
Je rêve,
Loin de nous,
Un mensonge,
Dans le vent,
L’oeil brillant,
Pour la vérité,
De nous retrouver,
Chacun se retrouver.

...

Je t’ai cherché dans les nuits orages et les soleils brûlants
Au fond des coquillages et sur la montagne enneigée
Sur les terres amères et sucrées, peuplées ou dévastées,
Sous les tropiques capricorne et sans corne, jusque là où s’arrête le temps,

Je t’ai appelé de tout mon être, à coeur saignant, et bras ouverts,
Dans la solitude infinie de l’esprit, que seul traverse le vent,
Dans les fêtes extatiques des corps enivrés et déchaînés,
Je t’ai appelé, je t’ai appelé dans ce silence figé hors de ma portée,

L’écho de ma tristesse résonne obscure et dense,
Se fracasse contre les rochers et s’étouffe dans la forêt,
Il ne me reste qu’à attendre, attendre,
Assise en moi-même,
Attendre jusqu’à ce que les secondes s’effacent,
Pour que dans l’éternité se fasse une place à ton infinie bonté.

...

J’espère que les dieux m’accorderont une minute de grâce,
Une minute en or, quand le mental s’endort,
Et que le silence se fait cristal dans la pure lumière.

...

Toi l’ami venu chercher un peu de chaleur au coin du feu,
Je t’ai ouvert la maison et tu y as répandu de la joie,

Petit lézard courant sur le bois, sautant de bûches en branches,
Escaladant les murs et retombant autant de fois,
Tu fais sourire mon coeur et réveille l’enfant qui sommeille en moi.

...

Toi avec tes yeux de loup
Taillés dans le bois
Tu souris aux inconnus
Qui avancent sur le chemin solitaire
De la connaissance immortelle
Ces âmes qui serpentent
Entrent les grands pins et les aulniers
Avec leur coeur ouvert en bandoulière
Et la tristesse à l’épaule
Toi, forêt mère de tous
Tu les abreuves en ton sein
Soleil et rivières généreux
Source du souffle éternel
Et par les rayons de la lune argent
Antre divin du mystère de vie
Change les larmes fossiles séchées
En pierre cristal d’amour
Qui irradie jour dans notre nuit

...

Dans les bras invisibles de l’informe, je prends forme.
Une graine commence à se fendre.
Promesse d’une plante.
Espoir de vie.
Suspendue dans un autre temps, je ne sais rien.
Je ne sais pas ce que contient cette graine.
Amour intérieur, mais dont l’incarnation n’est pas encore prévisible.

Je t’appelle de tout mon être.
Je prie pour la vie, une vie pleine d’amour.
Je remercie le soleil et Mère Nature de leurs dons infiniment généreux.
C’est hors de portée pour notre entendement.
Seul le coeur peut, d’un bruissement, appréhender
cette vaste étendue de compassion sans limite,
à laquelle nous ne pourrons jamais rien donner en retour.

...

J’ai attendu une trace de toi, ou plutôt de ton amour.
Et dans le silence qui seul traverse les océans, j’ai commencé à tous laisser ;
les masques, les mensonges, les émotions, l’espoir et le désir.
Dans ton silence qui seul traverse mon coeur, j’ai commencé à t’aimer,
comme çà, sans rien attendre et sans raison.

...

Je t’aime d’un amour éternel
Qui va au-delà des montagnes et du vent
Souffle pur de vie
Germe de joie en moi
Inaltérable beauté
Invisible dans l’invisible tangible
Je t’aime de cet amour que rien ne peut abîmer

...

Cette douceur que je voudrais t’offrir
rien ne peut en éteindre la flamme
éternelle
source de vie
de joie
dans mon âme
qui pour toi
chante
danse
rie
court
comme l’enfant dans les bois
ivre de liberté
innocent
laisse son baiser
au creux des arbres
et s’envole
avec les oiseaux
au soleil couchant
pour que toujours
le jour
soit
lumière
pour toi
et l’univers

...

 

hommage à Emmanuelle Neu : http://emmaluna.fr